Les végétaux

Verdir est une étape plaisante dans un projet d’aménagement paysager, mais requiert de porter des réflexions poussées sur le choix des végétaux afin de leur offrir les meilleures conditions de croissance et d'épanouissement, de favoriser un ecosystème sain et d'optimiser l'efficacité de l'infrastructure verte. Le bon choix des végétaux permet d'éviter un taux de mortalité élevé, de perdre du temps et de l'argent, et limiter les opérations d'entretien coûteuses. Il est donc fondamental de mettre les bons végétaux au bon endroit afin qu’ils demeurent en bonne santé et s’épanouissent dans le temps.

 

En amont: réflexion autour du choix des végétaux pour le design du projet

Lors de la phase de conception, il est essentiel de porter une réflexion sur la place des végétaux dans le projet d’aménagement paysager sans être trop dans le détail, le but étant de définir la vision du projet et l’ambiance que l’on souhaite créer. 

Voici des exemples de questions à se poser : 

  • Les végétaux sont-ils au cœur du projet? 
  • Quel type d'infrastructure verte pouvons-nous ou souhaitons nous intégrer dans notre aménagement?
  • Quel espace pouvons-nous allouer à la végétation? Pour des arbres massifs?
  • Quelle ambiance végétale voulons-nous offrir aux générations futures?

 

Les végétaux dans les infrastructures vertes de gestion des eaux pluviales

Les infrastructures vertes de gestion des eaux pluviales en zone urbaine subissent des conditions difficiles. Les végétaux choisis pour ce type d'aménagement doivent résister à la variation de l’humidité du sol, à la pollution, à l’espace de croissance restreint et à la compaction du sol. 

Les ouvrages d’infrastructures vertes de gestion des eaux pluviales peuvent se diviser en 3 zones distinctes. Les végétaux ne seront pas les mêmes en fonction de la zone, il est ainsi important, lors de la sélection des végétaux, de placer ceux-ci dans la bonne zone en fonction de leurs besoins et caractéristiques.

Image tirée de Jardin intelligent


Quelques critères à respecter dans le choix des végétaux dans un projet de biorétention : 

  • Au moins 50 % des plantes choisies pour un système de biorétention doivent présenter les caractéristiques suivantes pour une élimination efficace des nutriments (FAWB, 2009) : 

               - Densité élevée des racines
               - Systèmes racinaires fibreux étendus (pas de bulbes)
               - Croissance vigoureuse
               - Tolérance aux sols à drainage libre
               - Tolérance à la sécheresse et à l'inondation

  • Les végétaux doivent avoir la capacité de dépolluer l’eau;
  • Les végétaux doivent avoir la capacité d’infiltrer et de retenir les eaux pluviales;
  • Un substrat adapté aux ouvrages d’infrastructures vertes de gestion des eaux pluviales.


Le type de sol dans ce type d’aménagement joue un rôle essentiel au choix des végétaux. Le substrat doit être en mesure de retenir une grande quantité d’eau. 

Pour en savoir plus sur les substrats à utiliser dans les infrastructures vertes de gestion des eaux pluviales, consultez la fiche Les substrats de notre boîte à outils (*à venir, pas encore en ligne)

 

Plusieurs ressources sont disponibles afin de vous aider à choisir les bons végétaux pour votre projet d'infrastructure verte de gestion des eaux pluviales 

 

 

Les astuces pour choisir les bons végétaux au bon endroit

Voici une liste non exhaustive de plusieurs critères pouvant vous guider dans le choix des végétaux pour vos projets d’aménagement paysager : 


1. La luminosité

L’orientation du projet d’aménagement paysager par rapport au soleil va influencer la quantité de lumière pouvant être absorbée par les végétaux. 

Image tirée de La durée du jour et son changement au cours des saisons.

 

Les saisons jouent également un rôle dans la durée d’ensoleillement, car le soleil est plus ou moins haut. 

Image tirée de La durée du jour et son changement au cours des saisons.


Un autre facteur influençant la luminosité est l'environnement à proximité de l'aménagement (ex: bâtiments, arbres). Par exemple, un aménagement placé à proximité d’un bâtiment en hauteur pourrait ne pas recevoir de soleil pendant une partie de l’année. Il est donc important d'évaluer le temps d'exposition de l'aménagement au soleil selon l'environnement de l'aménagement, son orientation et les saisons

Alors que certains végétaux ont besoin d’être plantés en plein soleil, au contraire d’autres nécessitent d’être plantés à l'ombre. Les pépiniéristes seront en mesure de vous informer sur les besoins d’ensoleillement des végétaux. 


La durée moyenne d’ensoleillement des végétaux en fonction de l’exposition : 

  • Plein soleil : 7h et plus par jour
  • Mi-ombre : entre 4h à 6h par jour 
  • Ombre : moins de 4h par jour 

Pour en savoir plus, La lumière au jardin : exposition, ensoleillement, ombrage et luminosité


Quelques astuces afin d’avoir une meilleure compréhension de l’environnement du projet : 

  • Observer le site sur 4 saisons.
  • Modéliser dans un logiciel 3D pour simuler la trajectoire du soleil sur le site du projet.

 

 

2. Le sol

Les caractéristiques du sol influencent la croissance des végétaux. Avoir une bonne connaissance du type, de l’acidité et de la teneur organique du sol du site aide au choix des végétaux. 

Pour connaître le type du sol du site de votre projet, vous pouvez appliquer la méthode du bocal.  

Pour en savoir plus sur la méthode du bocal, Le test du bocal et Test du bocal d'eau : pour estimer la texture du sol

Image tirée de Syngenta et Apprendre en travaillant.

Le pH mesure l’acidité et la basicité du sol. Un pH dit neutre est équivalent à 7, un pH dit acide est inférieur à 7 et un pH dit basique est supérieur à 7. Un sol calcaire aura tendance à être basique alors qu’un sol avec une teneur en matière organique élevée aura tendance à être acide. 

La teneur en matière organique du sol se caractérise par la quantité de matière végétale ou animale décomposée dans le sol. 

Pour en savoir plus, Les caractéristiques du sol : texture, structure, pH, … 

Une astuce pour connaître le type, l’acidité et la teneur en matière organique du sol du projet est de faire appel à une firme pour effectuer une analyse du sol en laboratoire.

 

 

3. Les zones de rusticité

Une zone de rusticité est un espace délimité faisant état de la capacité des plantes à résister aux conditions hivernales. 

Au Canada, il existe neuf zones de rusticité (0 à 8), des conditions hivernales les plus froides aux plus douces. Chaque chiffre est accompagné d’une lettre, soit A ou B, A étant plus froid que B.

Lors du choix des végétaux, il est important de considérer la zone de rusticité du végétal, sans cela, vos végétaux n’auront pas la capacité de survivre à l’hiver. La zone de rusticité indiquée sur l’étiquette des végétaux correspond à la zone la plus froide qu’ils peuvent tolérer. Les végétaux peuvent être plantés dans leur zone de rusticité ou dans une zone plus chaude.

Pour en savoir plus, Les zones de rusticité du Québec et Comprendre les zones de rusticité

Image tirée de Comprendre les zones de rusticité.

 

 

4. Les conditions météorologiques

  • Le vent

Choisir l’espèce végétale et l’endroit où la planter est important particulièrement en fonction des conditions météorologiques. Par exemple, les feuillus et les conifères sont plus susceptibles de se dessécher lorsqu’ils sont exposés aux vents. Cependant, certains végétaux peuvent contribuer à limiter le passage du vent tels que les haies brise-vent pour les champs ou les écoles. 

  • Le microclimat urbain

Lorsque l’on choisit les végétaux à planter dans un projet d’aménagement paysager, le climat est un facteur fondamental à considérer. Cependant, en zone urbaine, les bâtiments, les rues, les parcs, les jardins, etc., influencent l’ensoleillement, le vent, la chaleur, la lumière. Il est donc important d’étudier le microclimat urbain dans lequel on veut mettre en œuvre notre projet afin de définir les végétaux les mieux adaptés à cet endroit. 

 

 

5. Les conditions hivernales

  • Le sel de déglaçage

Les conditions hivernales rudes du Québec nécessitent l'épandage de sel sur les routes. De ce fait, lors du choix des végétaux, en fonction de l'emplacement et du type d’infrastructure verte de gestion des eaux pluviales mise en œuvre, il est essentiel de prendre en considération cet aspect. Certains végétaux, tels que l’aronie noire, sont plus tolérants aux sels de déglaçage.  

Pour connaître les végétaux qui tolèrent les sels de déglaçage.

 

 

6. L’usage des végétaux

L’usage des végétaux peut influencer le choix de ceux-ci dans le cadre de votre projet. 

Quelques exemples des usages de végétaux que l’on peut intégrer au projet : 

  • Comestibilité
  • Ombrage
  • Lutte contre l’érosion des sols
  • Filtrage et épuration des eaux pluviales
  • Agriculture urbaine
  • Brise-vent

 

 

7. La sensibilité des végétaux aux maladies et au ravageurs

  • Les maladies

Comme les humains, les végétaux peuvent attraper des maladies. La rouille, la tâche goudronneuse, le nodule noir et la chlorose ferrique sont des exemples de maladies pouvant être traitées (biologiquement de préférence), mais certains végétaux seront plus résistants, voire insensibles à ces maladies. Il s'agit donc d'un aspect à considérer dans le choix des végétaux. 

  • Les ravageurs

Tout comme les maladies, les ravageurs peuvent avoir un impact sur le choix des végétaux à mettre dans un projet. Par exemple, au Québec, la présence de l'argile du frêne et sa dispersion rapide a amené les municipalités à interdire la plantation de frêne. 

Pour en savoir plus, Quelques maladies des arbres et ravageurs du jardin.

 

 

8. Le caractère du site

L’emplacement du site y est pour beaucoup dans le choix des végétaux. Voici une liste non exhaustive d'éléments à analyser lors de la visite du site du projet : 

  • Identifier l’orientation, les zones d’ombre et d'ensoleillement;
  • Identifier les effets du vent;
  • Étudier la compaction du sol du site;
  • Mesurer la dénivellation du site;
  • Analyser la gestion des eaux pluviales, les zones d’accumulation de l’eau;
  • L’emplacement des édifices, et autres éléments construits (route, rue, chemin, cabane, etc.);
  • Les différents revêtements de surface (superficie, etc.);
  • Vérifier s'il y a utilisation d'herbicide sur le site, par exemple pour traiter la pelouse (ceci pourrait grandement nuire aux végétaux).

Tous ces éléments vont vous guider dans le choix de végétaux adaptés au site.

 

 

9. La tolérance des végétaux face aux conditions urbaine

  • La sensibilité des végétaux à la pollution urbaine

La pollution urbaine affecte les végétaux en ralentissant leurs croissances, en les rendant plus vulnérables aux maladies, aux ravageurs, à la sécheresse ou même au froid. Certains végétaux sont sensibles à la pollution urbaine alors que d’autres ont une bonne résistance face à elle. La sensibilité des végétaux à la pollution urbaine, surtout pour un projet d’aménagement paysager en contexte urbain, va guider le choix des végétaux. 

Pour en savoir plus, Végétation et pollution atmosphérique et Quel est l’impact des polluants de l’air sur la végétation ?

Pour connaître les végétaux qui tolèrent les conditions urbaines.

  • La sensibilité des végétaux face à la compaction du sol urbain

Un sol urbain va être piétiné un nombre incalculable de fois et écrasé sous le poids de machinerie lourde, ce qui va engendrer sa compaction. À noter qu’en aucun cas les machineries lourdes ne doivent circuler dans l’emprise de la couronne au sol des arbres. Un sol compacté ne laisse pas entrer l’air ni l'eau, deux éléments essentiels à la survie des plantes. Les végétaux peuvent donc être choisis en fonction de leur sensibilité à la compaction du sol urbain.

 

 

10. L’ambiance

En fonction des besoins et souhaits de la clientèle, ainsi que du caractère du site, plusieurs ambiances d'aménagement peuvent être créées. Le choix des végétaux va donc dépendre du style que l’on veut dans le projet.

Voici quelques exemples d’ambiances pouvant guider le choix des végétaux pour le projet: 

  • Classique 
  • Romantique
  • Contemporain
  • Zen
  • Exotique
  • Sous-bois
  • Provincial
  • Champêtre

Pour en savoir plus, Choisir un style pour son jardin paysager

 

 

11. L’aspect visuel des végétaux

  • Texture et forme des végétaux 

Dans le dictionnaire de l’architecture paysagère, la texture de la plante se définit par l’aspect visuel, la taille et la forme, non pas par le toucher. Diversifier la texture des végétaux va attirer l'œil, c’est donc un facteur important à considérer afin de varier le choix des végétaux.

Pour en savoir plus, Forme et texture de la plante et Plant “texture”: signification et application

  • Silhouette

Pour créer des effets visuels dans un projet d’aménagement, il faut choisir les végétaux en fonction de leur silhouette. 

Image tirée du Guide de verdissement pour les propriétaires institutionnels, commerciaux et industriels.

  • Strate végétale

La strate végétale est le nivellement vertical des végétaux. Le choix des végétaux passe par une réflexion sur la différence de hauteur que l’on veut dans le projet. Il est important de zoner la végétation basse et les arbres hauts pour maintenir une ligne de vue. Par exemple, aux intersections, la végétation basse est recommandée pour faciliter la visibilité. 

Il existe plusieurs strates, de la plus basse à la plus haute, souterraine, muscinale, herbacée, arbustive et arborée.  

Image tirée de la Stratégie de mise en œuvre

  • La couleur 

Le choix des végétaux se fait en fonction de l’association des couleurs que l'on veut dans le projet. 

Voici un outil pour bien associer les couleurs : le cercle chromatique. 

Image tirée de Cercle chromatique démystifier : définition et utilisation

Pour en savoir plus, Les bases pour associer les couleurs au jardin et Harmonie des couleurs au jardin

  • Floraison

La floraison est la période à laquelle les fleurs s’épanouissent. Le choix des végétaux dépend des couleurs, de la période de floraison et de l'ambiance que l’on veut diffuser à travers le projet. 

La création d’une palette végétale est une astuce facile à réaliser qui permet de lister les végétaux en fonction de leur calendrier de floraison. 

Image tirée de Nelson Byrd Woltz-Landscape Architects.

  • La taille à maturité des végétaux

La taille à maturité des végétaux doit être considérée lors du choix des végétaux, car elle influence l’emplacement et l’interaction avec l’environnement. Par exemple, un arbre va prendre de la hauteur, va s’extensionner autant à la verticale qu’à l’horizontale ce qui va créer des zones d’ombre et peut donc freiner la croissance des végétaux à ses pieds ou entrer en relation avec des édifices, des fils électriques, etc. 

Image tirée de Green stormwater infrastructure landscape design guidebook

 

 

12. L’entretien 

Un aspect essentiel à considérer lors du choix des végétaux est l’entretien. Il est impératif de choisir les végétaux en fonction des réflexions apportées au sujet de l’investissement financier, l’accessibilité, l’engagement, la régularité, etc. 

Pour en savoir plus sur l’entretien, consultez la fiche Entretien de notre boîte à outils

 

 

13. L’adaptation aux usagers·ères 

  • La toxicité

Alors que certains végétaux donnent des fruits comestibles et savoureux, d’autres produisent des fruits dangereux pour la santé humaine. Cela a un impact sur le choix des végétaux à considérer dans son projet. Par exemple, dans un projet de cours d’école, les plantes toxiques seront éliminées dans le choix des végétaux à planter. 

Pour en savoir plus, Les plantes toxiques du Canada.

  • Les allergies

De même, au Québec, quatre types de végétaux sont à l'origine des allergies, soit les arbres, les arbustes, les herbacées et les graminées. Dans les projets d’aménagement dédiés aux usagers comme une cour d’école ou l’aménagement d’un parc, il est donc primordial de ne pas mettre des végétaux allergènes ou dans limiter son usage.

Pour en savoir plus, Espèces de pollens allergènes présentes au Québec et Prévisions allergies

 

 

14. La disponibilité en pépinière

Dans une perspective écologique et financière, la disponibilité des végétaux en pépinière influence le choix des végétaux afin de réduire le transport et les émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, commander des végétaux en Ontario engendre une grande quantité d’émission de gaz à effet de serre dû au transport. 

 

 

15. Ce qu’il faut prévilégier : 

  • Les plantes indigènes

Une plante indigène est un végétal qui pousse de façon naturelle dans son habitat sans intervention humaine. De nombreux avantages accompagnent des plantes indigènes telles que la réduction en besoin en eau et en fertilisant, elles sont déjà adaptées à notre climat, elles sont plus résistantes aux maladies et aux ravageurs, elles créent un réservoir pour la biodiversité et elles ne sont pas invasives.

Pour en savoir plus, Des végétaux indigènes pour un aménagement écologique et Des plantes indigènes pour votre jardin

 

 

16. À éviter à tout prix : 

  • Les plantes exotiques envahissantes

Les plantes exotiques envahissantes sont des végétaux non indigènes importés sur un territoire, se propageant rapidement et modifiant l’écosystème naturel. Par exemple, la renouée du Japon est une plante exotique envahissante au Québec. La renouée du Japon croît très rapidement et libère des toxines qui empêchent la croissance des autres végétaux alentour. 

Pour en savoir plus, Qu’est-ce qu’une espèce exotique envahissante? 

Outils liés à cette thématique qui peuvent vous aider

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