Place des Fleurs-de-Macadam
Terminé
Municipal
Plateau-Mont-Royal, Ville de Montréal
Contexte
Création d’une nouvelle place publique démontrant la gestion et le traitement « in situ » des eaux de pluie et de ruissellement du secteur, pour devenir un des premiers Water squares de la métropole.
L'espace est agrémenté par du mobilier sur mesure accessible universellement, permettant la détente et les activités comme le pique-nique et le télétravail. Les pierres au milieu sont équipées d'un système de jets de bruine fonctionnant presqu'en tout temps (dès qu'il fait 10 degrés et plus) et programmés selon une séquence. Ceci amène un volet ludique encourageant l'animation sur place. Finalement, une œuvre d'art suspendue au-dessus de l'aménagement vient enrichir l'espace, participant à l'expérience sensorielle des utilisateurs. Sous la forme d'un nuage cubique, l'installation est connectée en temps réel à son environnement : la mise en lumière évolue en fonction des prévisions météos réelles. Cette place est un excellent exemple de pratique d'aménagement urbain innovante et rendant visible et agréable le processus de gestion de l'eau. Par cette mise en scène de l'eau au cœur de l'espace urbain, la place contribue non seulement à l'amélioration de la qualité de vie, mais aussi à créer une identité dans le quartier tout en le rendant plus résilient face aux conséquences des changements climatiques.
Pourquoi ce choix d’aménagement ?
La vision de l'arrondissement a toujours été de prôner les pratiques d'aménagement durables. De plus, l'arrondissement souhaitait réaliser concrètement des actions en s'appuyant sur le Plan Climat 2030 de la Ville qui promeut la réalisation des aménagements permettant d'adapter la ville aux changements climatiques. Le passage d'un terrain entièrement minéral (source d'îlot de chaleur) qui abritait anciennement une station d'essence (paradigme du « tout à l'auto ») à un oasis verdie (place résiliente) est un exemple concret qui permet au secteur d'être mieux adapté aux conséquences des changements climatiques.
Les principaux objectifs de l’aménagement sont :
- Transformer un îlot de chaleur en une place publique verdie, et capable par ses infrastructures de capter un maximum d’eau de pluie provenant du réseau majeur des rues avoisinantes;
- Limiter les surverses au fleuve par une réduction de 11mm/19 (tel que le stipule le règlement C-1.1);
- Limiter la surcharge du réseau en cas de fortes précipitations par une rétention temporaire et un rejet contrôlé (tel que le stipule le règlement C-1.1);
- Favoriser la présence de l’eau dans l’espace et la rendre visible afin de rendre la place pédagogique;
Les usages de rétention seront compatibles avec les usages récréatifs grâce à un temps de séjour court et un aménagement conçu conjointement entre les urbanistes, les ingénieurs, les contremaîtres en charge de la maintenance et les architectes de paysage.
Fonctionnement
Le projet est une place résiliente de type Water Square qui permet de capter les eaux pluviales provenant de la chaussée et des surfaces minérales du site qui ruissellent vers les espaces verts lors des pluies récurrentes, ainsi que l'excédent d'eau pouvant s'accumuler lors des événements plus exceptionnels. La place sera inondée par endroits lors de pluies abondantes. Au milieu, la place centrale minérale permet une accumulation d'environ 30 cm en surface grâce à sa légère pente et au bassin souterrain qui permet de stocker l'eau et de l'infiltrer graduellement dans les zones de végétation aménagées au pourtour. L'idée étant que l'eau s'évapore et s'infiltre sans devoir l'envoyer directement à l'égout de la ville dans une optique de gestion durable des eaux pluviales (limiter la surcharge du réseau). Les zones végétalisées permettent également ce même processus. Les eaux de la rue sont directement dirigées vers ces zones à l'aide des caniveaux en bordure de rue. Il est prévu que l'eau accumulée s'évapore et s'infiltre en dedans de quelques heures suivant une grosse pluie. La palette végétale a été soigneusement choisie, intégrant des plantes ayant des propriétés filtrantes pour aider au traitement de l'eau.
Contraintes rencontrées
Il y avait un désir de réutiliser l’eau de pluie préalablement filtrée et traitée à des fins ornementales (jets de bruine). Ceci n'a pas pu être possible en raison de normes en lien avec la santé et la sécurité du public. Un système de purification et désinfection de l'eau aurait engendré des coûts très importants.
Performance des aménagements
Les récentes pluies ont démontré l'efficacité des infrastructures vertes et celles dédiées à la gestion de l'eau. Un test d'inondation est également prévu afin de tester la performance de l'infrastructure de manière scientifique.
Sensibilisation et éducation de la population face aux pratiques d'aménagement durables conçues pour s'adapter aux changements climatiques. Différentes actions ont été réalisés dans une optique de rayonnement, tels que: cahier d'activités pour les jeunes et les familles, animation de ces activités par l'entremise d'un animateur durant le mois de juillet, vidéo promotionnel en cours de réalisation, webinaires destinés aux professionnels de la Ville en cours de conception, sondage in-situ destiné aux utilisateurs afin de mesurer leur appréciation, captation d'images et comptage des utilisateurs et de leur déplacement au sein de la place pour illustrer l'appropriation de ces derniers, une visite guidée des lieux est prévue afin de donner l'opportunité au personnel de la Ville (autres arrondissements et services) de connaître la place.
L’efficacité en toute saison de ce projet n’a pas encore été constatée car les travaux ont été complétés cet été (2022). Le projet s’apprête à passer son premier automne et hiver.
Entretien
L’entretien est limité, il reste similaire à un aménagement paysager conventionnel.
- Nettoyage général : les déchets (papier, bâton, branches et autres détritus) doivent être ramassés.
- Arrosage : l’arrosage doit être effectué comme indiqué dans les documents contractuels. Un arrosage supplémentaire doit être prévu pendant les périodes de sécheresse prolongées.
- Contrôle de l’érosion : Les entrées d’eau, les zones d’accumulation d’eau et les zones de débordement en surface doivent être inspectées au minimum deux fois par année (printemps et hiver), de préférence tous les mois dans la saison de croissance et après chaque pluie importante (plus de 25 mm). Le substrat de biorétention et/ou la couche de surface doivent être remplacés dans les zones où une érosion s’est produite (durant la première année: sous garantie par l’entrepreneur).
- Plantations : les plantes mortes doivent être remplacées comme requis par les documents contractuels. Si un type de plante présente un fort taux de mortalité, la cause doit en être évaluée et le matériel doit être remplacé par des espèces plus adéquates. L’entretien général des plantes doit être effectué.
- Désherbage : un désherbage périodique doit être effectué jusqu’à ce que les plantes soient établies. Les plantes envahissantes ou nuisibles devraient être retirées régulièrement afin qu’il ne s’accumule pas et n’élimine pas les espèces plantées.
- Couche de surface: la couche de surface est du paillis, elle doit être remplacée ou bonifiée au besoin pour maintenir une épaisseur comprise entre 50 et 100 mm.
- Inspection régulière : prévoir une inspection régulière (au moins 2 fois par saison) pendant la période d’établissement afin d’ajuster toute déficience. Idéalement, ces visites doivent être faites après une pluie de plus de 25 mm.
Dans le cas où un caniveau de sédimentation est prévu, l’entretenir de façon similaire à un puisard de rue. La fréquence dépend de l’utilisation du bassin tributaire. Dans un premier temps, prévoir un entretien aux 2-3 ans et ajuster selon les besoins.
Entretien hivernal:
- Rabattre les végétaux au printemps uniquement afin de favoriser la protection de l’infrastructure verte. Pendant l’hiver, les végétaux isolent l’infrastructure verte du froid et permettent aussi de faire un tapis facilitant le ramassage des abrasifs dans l’infrastructure verte.
- Laisser la neige au-dessus de l’infrastructure verte, mais ne pas pousser la neige de la rue ou du trottoir vers l’infrastructure verte (pour éviter de tasser le terreau et d'endommager les végétaux).
- Limiter l’envoi d’abrasifs vers l’infrastructure verte. Nettoyer rapidement les trottoirs vis-à-vis de l’infrastructure verte dès le début du printemps. Si requis, ramasser la majorité des abrasifs qui sont présents dans l’infrastructure verte.
Conclusions
Satisfaction face au projet
Le promoteur du projet à attribué la note de 4/5 (Satisfaisant) au projet.
Étude de suivi des aménagements
Les études sont en cours par un groupe de chercheurs. Résultat à venir.
- Performance hydraulique
- Suivi du comportement des végétaux (pendant 2 ans)
Adresse
962 Avenue du Mont-Royal Est
Infrastructures vertes implantées
4 îlots verdis (40 arbres, 112 arbustes et 3 480 autres végétaux); 1 place minérale servant de trop plein permettant de retenir les eaux pluviales pendant plusieurs heures.
Superficie
Environ 1 620 m² d'aménagement au total, dont au moins 45% est verdi (dont au moins 35% sert de rétention).
Échéancier
2021-2022
Coûts de réalisation
Près de 2,9M$ (coûts directs seulement)
Coûts d’entretien
Pas encore calculés
Montant des subventions obtenues
MAMH via le programme PGDEP : 409 500$ /Service de l'eau - Ville de Montréal: 180k$ /FCM: 130k$ pour étude de faisabilité
Économie de coûts par rapport aux infrastructures conventionnelles
L'économie à long terme: les coûts de réalisation pour l'infrastructure verte est légèrement élevée par rapport à la grise, mais les bénéfices écosystémiques et économiques sont très importants. Ce calcul n'a pas encore été réalisé.